Je reconnais que quelques fois, je me laisse aller à la facilité. Concernant le design et l’architecture russes, c’était le cas. J’imaginais du blanc (la neige ?), des dorures (les icônes orthodoxes ?), des transparences (le cristal ?). Mais surtout l’opulence, un « signe extérieur de richesse » tapageur, presque indécent.
Bon ça, c’était avant …
Après un peu de repos estival, je me calme : il y a du bling-bling, certes. Mais pas que.
Il y a la nature aussi, avec près de 815 millions d’hectares de forêts dans le pays, tout de même.
Et c’est Oleg Soroko qui en tire profit. Le matériau est noble. Le design est doux et organique. Ses meubles portent des noms d’oiseaux (mais pas du tout vulgaires). Ils allient confort et sobriété.
Ce design paramétrique est élaboré en réalité virtuelle, en réalité augmentée ou grâce à l’intelligence artificielle. Quand nature rime avec nouvelles technologies, et que le résultat paye.
Là encore, rien d’ostentatoire chez Dima Loginoff, bien au contraire : il va à l’essentiel.
J’aime la poésie dans son travail et les histoires qu’il nous raconte. Coiffeur reconverti, il n’entre jamais dans un moule. Après des études à Moscou et à Londres, il travaille pour de grandes marques internationales, sans se prendre vraiment au sérieux.
Sa suspension Mountain View en est la preuve.
Après des études en Sibérie, Anastasiya Koshcheeva s’installe à Berlin.
Elle n’en oublie pas pour autant sa culture : elle utilise les procédés et techniques des anciens pour réaliser des objets du quotidien. Elle développe ainsi une technique de conservation de l’écorce et l’utilise comme revêtement souple mais solide.
Un beau mélange de tradition et de modernité là aussi.
Architectes d’intérieur, leur travail est pétillant, coloré mais pas extravagant.
Très délicatement, les nuances et les formes s’associent, se répondent avec cohérence.
Je n’ai malheureusement pas trouvé beaucoup d’informations sur leur parcours ou leurs réalisations.
C’est bien dommage car le peu que l’on découvre de cette résidence secondaire russe est plus que prometteur.
Basée à Saint Pétersbourg, cette agence d’architecture regroupe Alexander Malinin et Anastasia Sheveleva. Ils conçoivent des intérieurs sans compromission, en mêlant une esthétique minimaliste à des éléments classiques.
Eux aussi jonglent avec la poésie des lieux, un univers, un passé. Mais avec un regard aiguisé résolument tourné vers l’avenir. Je trouve ce mélange rassurant, enveloppant.
Et j’adore leur projet Field Reading Room de 2013, dans la pure tradition romantique de la lecture en plein air. Ou l’interaction entre le lecteur, le texte et le paysage.
Nature, Modernité, Histoire, Savoir-Faire traditionnel : c’est bizarre, ces mots me parlent …
https://helenepautre.fr/design-ukrainien-et-architecture/
Il n’y a finalement pas tant de différences que cela entre le design et l’architecture russes d’une part et le design et l’architecture ukrainiens d’autre part. Au premier abord, c’est difficile à croire aux vues des circonstances actuelles. Mais c’est pourtant une réalité toute simple : rien n’éloigne ni ne différencie vraiment ces 2 peuples au fond. Ils trouvent tous deux leur ancrage dans des cultures respectives fortes, en allant de l’avant.
Alors pourquoi tout cela …
NB : en image d’introduction, fauteuils en papier Kibardin Design
SEPTEMBRE 2022